Les bases du travail sur les polarités
Travailler sur les polarités, qu’est-ce que cela signifie ? A quoi ça sert ? Qu’est-ce que cela permet ? Autant de questions légitimes qui vont vous permettre de percevoir à quel point cette exploration est précieuse et libératrice.
Que sont les polarités ?
Les polarités sont les 2 pôles d’un même système. Les 2 faces d’une pièce de monnaie.
Cela nous renvoie aussi à la dualité du monde : le chaud et le froid, le jour et la nuit, le haut et le bas. L’un ne peut exister sans l’autre. La lumière n’est visible que parce qu’il y a de l’ombre ; et vice-versa.
Nous naviguons naturellement au coeur de ces dualités, sans même plus nous en rendre compte.
Cependant, nous avons appris à qualifier ces aspects en « bien » et « mal » ; « j’aime » et « je n’aime pas ». Notre regard juge en permanence ce qui se vit autour de nous et en nous. Notre éducation est pleine de « choses qui se font » et de « choses qui ne se font pas ».
Or, ces choses existent, point. Elles ne sont ni bonnes ni mauvaises, elles sont.
Comment ces polarités nous influencent-elles ?
Nous pourrions entrer dans diverses théories psychologiques pour expliquer cela. Nous pouvons synthétiser en disant que la dualité du monde extérieur se projette dans notre monde intérieur et participe à la construction de notre identité.
Ainsi, nous sommes « ceci » et pas « cela ». En nous qualifiant d’attributs, cela nous permet de construire notre personnalité et notre rapport au monde. Notre environnement, notre éducation, nos expériences de vie, nos relations participent à cette construction.
Nous savons dire si nous sommes solitaires ou sociables, généreux ou pingre, contrôlant ou détendu….
Le souci étant qu’il y a ce que « nous sommes » et ce qui nous « aimerions être ». C’est à cet endroit-là que cela pose souvent problème ! Gardons en tête que nous sommes conscients d’une partie de nous-même, et inconscients de la majore partie de nos mécanismes.
Coincés entre ce que l’on est et ce que l’on aimerait être
Quand j’écoute les personnes parler d’elles, très souvent je les trouve très dures avec elles-mêmes. Elles ne s’attribuent pas beaucoup de qualités, et sont souvent généreuses sur les défauts.
Nous sommes coincés dans un paradoxe qui consiste à :
– ne pas reconnaître pleinement nos qualités et aspects fonctionnels
– refuser d’accepter nos défauts
Par exemple : en cabinet de thérapie, une personne vient et me dit : « Je suis nul, je manque de confiance en moi ». Donc la personne s’identifie à la nullité et la refuse. Et comme elle est identifiée à la nullité, elle ne voit pas tous les endroits où elle ne l’est pas.
Ainsi, nous passons plus de temps à lutter contre des aspects de nous que nous refusons, plutôt que de prendre soin et développer tout ce qui fonctionne. Plus on lutte contre ce que l’on ne veut pas, plus on le voit, et moins on se sent bien… Nous entrons dans un cercle vicieux.
Notre cerveau fonctionne de manière à renforcer nos croyances (le biais de confirmation). Donc plus nous avons peur d’être rejeté, plus nous allons avoir le sentiment de l’être, car le cerveau va focaliser son attention sur cet aspect du vécu. Si nous vivons la même situation dans le plaisir de se sentir accueilli, il est certain que le vécu sera différent. Par ex : dans une soirée entre amis, nous pouvons nous focaliser sur toutes les personnes qui ne viennent pas nous parler, ou sur toutes celles qui s’intéressent à nous. Plus nous serons dans la peur du rejet, moins notre attitude donnera envie aux personnes de nous aborder. Alors que si nous sommes dans le plaisir de l’accueil, nous serons naturellement plus avenants.
Travailler avec les polarités, c’est accueillir que nous ne sommes pas QUE nos qualités, ni QUE nos défauts. Nous sommes les deux.
En soirée, nous pouvons être rejetés et accueillis.
Comment se manifestent nos ombres ?
Nos ombres, ce sont ces aspects de nous que nous n’aimons pas, que nous ne connaissons pas, que nous nous maîtrisons pas et donc nous les subissons.
Nous pourrions dire qu’elles sont inconscientes, mais ce n’est pas toujours le cas. Souvent, nous les connaissons et nous aimerions bien nous en débarrasser.
« Je suis nul, je manque de confiance en moi ». Implicitement, la demande est « retirez-moi mon sentiment de nullité, je veux me sentir compétent ».
En thérapie, en coaching…. Les gens luttent et travaillent dur contre tous ces aspects d’eux qui les dérange.
Nous avons tendance à refouler ce que l’on n’aime pas, le mettre sous le tapis, l’enfouir au plus profond pour ne plus être dérangé.
Est-ce que cela disparaît ? Un temps peut-être… Mais cela va revenir à des moments souvent peu opportuns. Pourquoi ? Parce que ces aspects de nous ont une fonction, ils existent en nous que nous les aimions ou pas.
Nous sommes ce que nous sommes, plus nous le refusons, plus nous le subissons.
Nous avons donc le choix de les refuser, et donc de les subir quand ils surgissent. Ou de leur faire une place et ainsi s’ouvrir à des nouveaux possibles…
Comment accepter nos ombres ?
C’est tout l’objet du travail des réappropriations de Peter Koenig.
Exemple de séances en bas de la page
Accepter nos ombres, c’est commencer par reconnaître qu’elles existent en nous et les autoriser à avoir une place. C’est un travail délicat et parfois difficile.
Mais assez rapidement, nous pouvons apprendre à voir les choses autrement (et c’est aussi tout l’objet de ce blog). Certaines personnes ne veulent pas être méchantes et font tout pour les autres pour être gentilles. Elles sont tellement gentilles avec tout le monde, qu’elles se mettent complètement de côté. Avec qui sont-elles méchantes quand elles fonctionnent de cette façon ? Elles-mêmes, en niant leurs besoins !!
Les 2 facettes de la pièce vont se manifester : en choisissant d’être gentille quelque part, on sera méchant ailleurs.
C’est la loi de la dualité !
Le refuser n’y changera rien.
Si j’accepte que je suis méchante parfois, alors je ne suis plus obligée d’être gentille tout le temps et je peux cesser de me faire subir la méchanceté contre moi-même. Je peux alors choisir les moments appropriés pour être gentille ou non avec les autres. Car être méchant, en disant « non » à une demande de service, me permet de me dire « oui » à mon besoin de repos.
Accepter que dans mon identité il y a du « gentil » et du « méchant » me permet d’accéder à tous les possibles entre les deux.
Sans entrer dans le détail ici du processus.
Se réapproprier ses polarités revient à autoriser et accepter chacune d’elles en les regardant autrement.
Et quelle place pour la lumière ?
Une polarité jugée négative aura besoin d’être acceptée.
Une polarité jugée positive aura besoin d’être détachée de ce avec quoi on le projette.
Nos parties lumineuses sont aussi précieuses et il est important de leur faire une belle place. Ce qui entache un peu le paysage parfois est que nous les associons à d’autres aspects moins sympathiques ou qui n’ont pas de rapport.
Par exemple : si je ne suis pas augmenté par mon patron, c’est que je ne suis pas assez compétente.
Il suffit de connaître le fonctionnement d’une entreprise pour savoir que l’augmentation d’un salarié dépend de beaucoup de choses. Pas seulement de ces compétences, voir même pas du tout de ces compétences. Cela va dépendre de la situation commerciale, des objectifs, des besoins, de l’envie de conserver son salarié ou non, de la stratégie, de la période de l’année, de la conjoncture, de la radinerie du patron… Mais assez peu des compétences.
Pour travailler cette polarité, il s’agira de reconnaître pleinement ses compétences indépendamment de la validation de l’augmentation.
Je suis compétente avec et sans augmentation de salaire.
Comment ça s’intègre ?
Dire ces phrases ne suffit pas. Il ne s’agit pas de la méthode Coué ou tout autre méthode qui consiste à se convaincre.
Le travail de réappropriation est un travail corporel, sensitif, profond.
Nous travaillons sur le plan identitaire et il est important de le laisser circuler complètement en soi pour l’intégrer. C’est une expérience à vivre, car en faisant cela, les tensions se dissolvent et la libération se fait.
Nos polarités une fois intégrées sont disponibles et nous pouvons choisir de la manifester de la manière qui nous semble la plus appropriée.
C’est merveilleux !
Au fil des articles, nous entrerons davantage dans le détail du processus. Car il y a beaucoup à en dire !